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La plate-forme TikTok menace-t-elle la démocratie américaine ? Si l’on en croit la Chambre des représentants, la réponse – positive – ne fait aucun doute. Dans ce pays pourtant plus polarisé que jamais, pas moins de 352 représentants ont approuvé, le 13 mars, une proposition de loi obligeant le propriétaire de cette plate-forme de vidéos courtes, l’entreprise chinoise ByteDance, à vendre sa filiale américaine à des capitaux américains ou à la fermer. Seuls 65 représentants ont voté contre.
Certes, le texte doit encore passer au Sénat, qui ne semble pas pressé de l’examiner, puis être promulgué par Joe Biden, lequel a d’ores et déjà annoncé qu’il le signerait s’il lui était soumis. Le 2 avril, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue chinois, Xi Jinping, le président américain a réitéré son « inquiétude » à l’égard de TikTok.
Que reprochent les Américains à cette plate-forme qui compte près de 150 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis ? Pour Mike Gallagher, le représentant républicain à l’origine de la proposition de loi, TikTok est doublement dangereuse. Elle permet d’espionner les Américains, notamment en les géolocalisant et en exploitant leurs données et, plus grave encore à ses yeux, elle représente une « menace de propagande ».
« Si TikTok continue d’être la principale plate-forme d’information en Amérique, et si l’algorithme reste une boîte noire et soumis au contrôle de ByteDance, et par extension à celui du Parti communiste chinois, vous placez le contrôle de l’information – notamment celle que reçoivent les jeunes Américains – dans les mains du principal adversaire de l’Amérique », expliquait récemment dans le New York Times cet élu, l’un des plus farouches adversaires de la République populaire de Chine au Congrès.
L’administration américaine n’a, jusqu’ici, jamais démontré le biais idéologique des algorithmes de TikTok. Pourtant, que la menace existe est évident. A Taïwan, les spécialistes de la désinformation n’ont aucun mal à prouver que TikTok met systématiquement en avant les vidéos hostiles au Parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir et connu pour son opposition à Pékin. Si la proposition de loi visant à « américaniser » ou à interdire TikTok était adoptée, ce serait évidemment un coup dur pour sa maison mère chinoise. Les autres Etats devraient à leur tour se positionner, et l’application au 1,7 milliard d’utilisateurs deviendrait le symbole du découplage de l’économie mondiale.
Mais il n’est pas sûr que les Etats-Unis en sortiraient gagnants pour autant. Signe du dilemme qui se pose à eux : sur ce sujet, tant Donald Trump que Joe Biden ont fait volte-face. Quand il était à la Maison Blanche, le premier avait déjà tenté d’interdire TikTok par un simple décret. Aujourd’hui, conscient de la popularité de la plate-forme parmi les jeunes, le candidat républicain à la présidentielle est hostile à la proposition, pourtant portée par nombre de ses supporteurs.
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